• Prélude 

     

     

     

     

                        L'oiseau aux ailes d'acier amorce sa lente et douce descente vers la terre. Il n'explose pas en vol, il ne se "crashe" pas au sol. Il atterrit tout simplement... Normal: ce n'est ni un jumbo-jet, ni un boeing. Il ne s'engloutit pas dans les eaux terrifiantes et glacées de la Manche ou d'un Océan anthropophage. Il sort docilement son train d'atterrissage, empennage stable, aérofreins déployés, et se pose doucement sur le sol... Et quel sol!

           Celui d'une terre bénie des dieux puisque neutre et n'ayant jamais subi la guerre, en tous cas pas la dernière mondiale...

            Pourtant, l' "ange" qu'il transporte a des sueurs froides, le coeur palpitant et l'estomac en marmelade... "Tant que je n'aurais pas quitté l'aéroport, je ne serais pas sûr d'être en sécurité", se disait Malek... 

           Descendant de la passerelle, il se retient d'embrasser le tarmac: "Reste sobre, rien n'est encore fait." Mentalement, il égraine son chapelet en serrant un peu trop fort son faux passeport dans sa main moite: "Dieu est grand...". Les bagages réduits pour lui à un gros sac en toile, arrivent sans retard et on peut les récupérer tranquillement, sans hâte. Premier miracle: "Dieu est grand...". La douane se passe sans anicroche: "Dieu merci: Tu es vraiment le très Grand, le très Miséricordieux...". Reste le hall d'arrivée à traverser... ce qui se fait calmement, sans aucun problème, mais au pris d'une maîtrise quasi surhumaine pour ne pas courir vers les portes de la liberté! "Plus  que dix mètres et j'y suis...". Enfin, elles s'ouvrent et le laissent passer presque gracieusement... 

              Dehors, une autre difficulté qu'il n'avait nullement envisagée se présente, et celle-là, pour lui, est de taille: où trouver un endroit assez beau, serein et calme pour remercier dignement le Très-Haut de son infinie Bonté envers le pauvre et petit Croyant qu'il est...?  En effet, c'est normalement l'heure des ablutions et de l'appel du muezzïn pour la prière: le soleil se couche en un flamboiement aussi majestueux qu'indicible sur le paisible lac de Genève...